Benozzo Gozzoli, Le triomphe de saint Thomas d'Aquin, 1471

mardi 28 décembre 2010

La fuite en Egypte et le massacre des Innocents

            « Après leur départ, voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, et lui dit : Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte ; et restes-y jusqu’à ce que je te dise. Car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. Il se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Égypte ; et il resta là jusqu’à la mort d’Hérode, pour que s’accomplit cet oracle prophétique du Seigneur :

D’Égypte j’ai appelé mon fils[1].

Alors Hérode, voyant qu’il avait été joué par les mages, fut pris d’une violente fureur et envoya mettre à mort, dans Béthléem et tout son territoire, tous les enfants de moins de deux ans, d’après le temps qu’il s’était fait préciser par les mages[2]. »

            Dans sa Lectura super Matthaeum, saint Thomas expose ainsi le sens spirituel de la fuite en Égypte :

Nota quod quando aliquis vult fugere peccatum, primo debet excutere pigritiam; Eph. V, 14: surge qui dormis, et exurge a mortuis, et illuminabit te Christus. Secundo debet accipere fiduciam a matre, et filio, scilicet Christo; Eccli. XXIV, 25: in me omnis spes vitae et virtutis. Tertio debet fugere a peccato adiutus auxilio matris et pueri; Ps. LIV, 8: ecce elongavi fugiens, et mansi in solitudine. Subdit causam huius fugae futurum est enim, ut Herodes quaerat puerum ad perdendum eum[3].

« Lève-toi » : premier mouvement, « secouer » la paresse (excute pigritiam), ce qui est un acte de force ; « prends avec toi l’enfant et sa mère » : deuxième mouvement, prendre spirituellement avec soi Jésus et sa Mère, en un élan de confiance, ce qui implique un acte de foi théologale ; « fuis en Égypte » : troisième mouvement, fuir le péché, appuyés sur Jésus et Marie, ce qui requiert la charité, qui seule rend possible l’amour de préférence pour le Christ et la sainte Trinité. La force, la foi, la charité : voilà, dans l’ordre génétique, l’itinéraire qui nous permet de résister aux tentations.

            Nicolas Poussin a représenté les deux événements racontés ici par saint Matthieu. La Fuite en Égypte, peinte en 1657 à Rome, mais à la demande d’un ami français du peintre, a été authentifiée récemment, et acquise par le Musée des Beaux-Arts de Lyon en 2008. On trouvera une interprétation de ce chef-d’œuvre ici : http://www.mba-lyon.fr/poussin/ . Le massacre des Innocents est une œuvre très connue, réalisée vers 1628 – 1628, c’est-à-dire dans les débuts du séjour romain de l’artiste, arrivé in Urbe en 1624, et avant son mariage conclu en 1630.


Nicolas Poussin, La fuite en Egypte, 1657.
Lyon, Musée des Beaux-Arts.


Nicolas Poussin, Le massacre des Innocents, vers 1628 - 1629.
Chantilly, Musée Condé.




[1] Os. 11, 1.
[2] Mt. 2, 13-16.
[3] Lectura super Matthaeum 2, lect. 4.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.